Le travail à distance se libère de ses résistances. La preuve : le nombre de personnes concernées ne fait qu’augmenter. En d’autres termes, travailler de chez soi, ou du moins en dehors de l’entreprise, ça peut faire rêver. Mais le télétravail est-il aussi confortable qu’il en a l’air ?
14 ans déjà !
Le 19 juillet cette année, ça faisait 14 ans que les accords interministériels relatifs au télétravail auront vu le jour. Oui déjà ! Ce changement a pris du temps. Ne crions pas trop vite victoire : il n’est pas encore totalement entré dans les mœurs. D’abord, parce que tous les postes ne peuvent pas, bien entendu, être concernés. Et puis, comme d’autres, la France est culturellement un pays de présentiel. Nous sommes les descendants directs de la machine à pointage. Être présent à son poste est inscrit dans nos gènes et dans ceux des dirigeants. Quand l’ordinateur devient le bureau, plus qu’une nouvelle organisation, c’est donc un nouvel état d’esprit qui doit prendre forme.
Une loi pour aller plus loin
C’est l’amélioration de la qualité de vie au travail qui a été à l’origine du premier souffle de cette loi. La complexité des déplacements et la montée des phénomènes de stress ont entraîné la recherche d’alternatives pour conserver la productivité. Le 22 mars 2012, un article s’est glissé dans le Code du Travail pour venir booster cet élan d’origine. Gardons à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une obligation. La pratique appartient à la culture d’entreprise. La loi quant à elle, lui donne un cadre juridique pour sécuriser et éviter les abus. Quoi qu’il en soit, l’organisation concrète du télétravail reste à la main de chaque société. Elle y trouve généralement, d’après les statistiques, une augmentation de sa productivité. Elle répond surtout, à n’en pas douter, aux attentes des individus quant à une souplesse dans leur propre organisation et une adéquation avec les préoccupations sociétales. Ainsi, le télétravail participe par exemple à la sauvegarde de l’environnement. Moins de déplacements = moins de pollution. Mais chacun n’est pas encore concerné.
D’après un article de Courrier Cadres, 29% des salariés en 2019 sont en télétravail, contre seulement 16,7% en 2012, d’après le LBMG Worklabs.
courrier cadres
A chacun son format de travail à distance
Le travail à distance prend diverses formes. Il peut alterner avec des périodes dans les locaux de l’entreprise, ou être purement occasionnel. Des grèves de transport peuvent en être les initiatrices, ce qui évite de perdre un jour de travail. Ainsi, une telle réactivité démontre la capacité à rebondir de l’entreprise. Une vraie solution pour éviter les retards dans l’organisation et la productivité.
À l’heure actuelle, il existe plusieurs types de formats de travail à distance. Certains sont plus souples que d’autres. Le télétravail est le plus cadré législativement parlant. Cependant, le télétravail à temps plein, hors entreprise, reste rare. Le plus habituel actuellement oscille entre 1 à 2 jours en dehors de la société. Les autres jours de la semaine se déroulent dans l’entreprise. D’un employeur à l’autre, ces processus d’organisation diffèrent.
Les différents modes de télétravail
Premièrement, le Télétravail concerne l’activité professionnelle exercée à distance de l’entreprise, grâce aux outils de télécommunication.
Deuxièmement, le Home Office signifie « travail à la maison », arrangement ponctuel entre le collaborateur et son employeur.
Troisièmement, un autre mode, le Mobile Working. Il s’adapte au collaborateur qui travaille du lieu de son choix. Bien utile, s’il n’est pas rattaché à un bureau physique.
Pour ce qui est du co-working, c’est différent. Ce système attire surtout les indépendants, qui préfèrent être rattachés à des structures possédant des équipements.
Le travail à distance se développe timidement mais sûrement. Pour suivre cette nouvelle pratique, des études se montent. Ainsi par exemple, le site OBERGO propose des questionnaires à remplir. Ces enquêtes vont enrichir les statistiques pour mieux suivre ce phénomène. Toutes confirment d’ailleurs qu’en se développant, le numérique a offert une place plus grande à l’autonomie des salariés.
Télétravail, du rêve à la réalité
On conclura rapidement qu’un salarié heureux est productif. Certes, mais uniquement s’il sait gérer ses journées. C’est en effet indéniable : la notion d’autonomie tient une place importante au cœur de la logistique générale du travailleur à distance productif. Un.e salarié.e indépendant.e, peut sembler détenir un « super pouvoir ». Cependant, ne perdons pas de vue qu’il ou elle possède également le côté obscur de sa force. L’idée qui fait rêver, c’est de penser que personne n’est là pour vérifier. En fait, dans la réalité, tout l’entourage professionnel attendra d’autant plus de résultats concrets. Vous visualisez l’image du télétravailleur en train de travailler les orteils en éventail au bord d’une piscine ? Cela appartient plus au fantasme qu’à la réalité.
S’optimiser, en télétravail, c’est le mot clé
Les horaires sont propres à chacun mais, tout en conservant une cohésion avec la réalité du terrain. D’une part, savoir s’organiser demande une grande rigueur ainsi qu’une excellente conscience professionnelle. D’autre part, les horaires sont souvent plus que largement dépassés. Pour autant il sera difficile de le justifier. Si les proches confondent ce statut avec de la disponibilité, informez-les que c’est loin d’être le cas. Par ailleurs, du côté de l’entreprise, le cadrage du temps est un vrai sujet car le management peut s’avérer crucial pour que le collaborateur ne perde pas pied.
Un management à la hauteur
L’un des risques est de vivre une perte d’appartenance au groupe. Des tensions peuvent même apparaître avec les autres collaborateurs en place. Certains peuvent grincer des dents et juger qu’un travail effectué dans de meilleures conditions est plus facile à réaliser (ce qui, dans un sens, n’est pas faux : à meilleures conditions, meilleur rendement). Les chiffres du site OBERGO l’affirment : c’est une source intarissable de culpabilité qui mène à se croire obligé de se surpasser. Le personnel travaillant en dehors de la boîte veut en faire plus pour légitimer ses avantages. L’augmentation du temps de travail est de 61 %. Mais de quoi se plaint-on ? Les autres salariés, eux, ont le babyfoot !
Travailler de chez soi, le choisir ou en pâtir ?
La mise en place d’une organisation spécifique ne concerne pas uniquement l’entreprise. En effet, elle concerne aussi, et même surtout, la vie privée. Pendant ce temps, l’équilibre entre les deux restent parfois difficile à trouver. Le bon compromis passe par un management de haut niveau sur l’échelle de la relation humaine. C’est la pierre angulaire de la réussite de ce type d’expérience professionnelle.
Comment s’organiser pour télétravailler efficacement ?
Les coulisses du télétravail
Dans l’idéal :
- Se lever
- Prendre le temps de se doucher
- Mettre un point d’honneur à se coiffer
- Penser à s’habiller vraiment !
Le risque :
- Des journées démarrées et terminées en pyjama, la tasse de café à la main et la brosse à dent dans la bouche
- Des soirées télés interrompues par le programme personnalisé « je vérifie un dernier truc » sur votre chaîne privée Mon Job At Home.
Seule la visioconférence peut agir comme un garde-fou à ce débordement comportemental.
Si les deux sont cumulés, alors dites-vous que là, vous êtes sur la mauvaise pente ! Méfiance, le risque encouru pourrait être que, le seul membre familial qui résiste à une telle ambiance, soit Mr Matou… (Bon en même temps, vous habitez chez lui).
Pour conclure
Quand on passe au télétravail, le passage (presque obligé) du déséquilibre (dans un sens ou dans l’autre) est le tremplin d’une prise conscience. Il rend évident l’importance de maintenir un bon équilibre. Même si cela doit passer par des règles de vie strictes. Le travail sur « le regard de l’autre sur soi », sera lui aussi inéluctable. Il permet de prendre du recul et entraîne à chercher la paix dans la confiance en soi et en ses capacités. La vie d’une entreprise, fonctionne à la manière d’un organisme vivant. Il y a les cellules qui évoluent en fonction de leur environnement. Aujourd’hui, l’environnement permet les formes de travail à distance. Demain, le virtuel sera encore plus au service du réel. Alors qui sait, verront peut-être le jour, de nouveaux métiers tels que manager happy-home officer ?
Faire le point peut aider